Avec 15,8 milliards d'euros investis et une demande déposée à 1,8 million de mètres carrés en 2021, en hausse de 32 % sur un an, le bureau semble tourner la page de la crise sanitaire. Certes en recul de 2,2 millions de mètres carrés (- 18 %) par rapport à la moyenne décennale, le marché retrouve une dynamique positive.
« La mort du bureau a été annoncée mais il n'en est rien : les investisseurs n'ont pas abandonné cette classe d'actifs et des mouvements d'entreprises sont à attendre », annonce Boris Cappelle, PDG de Savills France. Cependant, la reprise ne se fait pas sur le même rythme selon les marchés. Si le QCA (Quartier central des affaires) parisien et La Défense enregistrent des croissances de 54 % et 3 %, la tendance est inverse pour les territoires les moins riches.
L'immobilier de bureaux s'est réessaisi en Ile-de-France:
« Les secteurs sans profondeur de marché ou en sur-offre, favoriseront le plus », note Eric Siesse, directeur général adjoint du pôle bureaux location Ile-de-France de BNP Paribas Real Estate Transaction. La zone péri Défense et la première couronne accusent des baisses des volumes de l'ordre de 10 % et 25 %, par rapport à la moyenne décennale.
Réorganiser les espaces de travail :
À raison de deux jours de télé-travailles, en moyenne, par semaine, les entreprises se réorganisent autour du flex office. « Le ratio d'un poste pour un salarié est descendu à des taux de 0,7 poste par salarié, voire de 0,5. Le flex office associé au télétravail conduit les entreprises à réduire leur surface », constate Eric Groven, président de Sogeprom et Société Générale Real Estate. Aussi, les grands consommateurs d'immobilier, notamment les secteurs de la banque et de l'assurance, transmettent la voilure.
En 2021, entre 50 et 60 % des transactions de plus de 5.000 m² ont consisté à réduire 20 à 30 % des surfaces de bureau - jusqu'à 50 % pour le groupe Up (Chèque Déjeuner)- passé de 30.000 à 15.000 m² sur son site de Gennevilliers. D'autres font appel aux opérateurs de coworking. Une pratique désormais intégrée dans les immeubles de bureaux, à l'image du bâtiment Lumière (100.000 m²), à Bercy et de la tour Landscape (70.000 m²) à La Défense, au sein desquels ont été attribués, respectivement, 5.000 m² et 2.200 m² à la start-up Comet Meetings, spécialiste des services hôteliers au bureau.
La Défense: Hermitage ne renonce pas à son projet de tours jumelles
« La mise en place du flex office est une naissance donnée à des zones de travail hybrides, des lieux de socialisation et à une superposition des usages dans les espaces », explique Alexandra Villegas, architecte associée chez Studios Architecture. Le cabinet vient de livrer à La Défense, l'immeuble Latitude, pensé « comme un hub », avec un socle actif qui offre une large gamme de services et de nombreux restaurants pouvant évaluer tout au long de la journée en espaces de travail. Le bâtiment a été loué en totalité à l'entreprise Sopra Steria pour ses 2.000 salariés, pendant le confinement.
Attirer et retenir les talents :
Au sortir d'une crise sanitaire qui a isolé les salariés, le bureau devient le meilleur vecteur pour reconstruire le lien social mais plus encore, un outil de gestion et de gestion des ressources humaines. « L'immobilier est un atout formidable pour attirer ou retenir les talents, dans un contexte où les enjeux de recrutement sont très forts pour les entreprises en pleine croissance », assure Olivier Taupin, directeur de l'Agence chez Cushman & Wakefield.
En 2021, le groupe a regroupé ses équipes, précédemment satellisées dans plusieurs sites franciliens, dans son nouveau siège de l'avenue Charles de Gaulle à Neuilly, dans l'optique d'offrir aux collaborateurs un lieu unique où ils se sont hébergés, favorisant les échanges et le maintien d'une culture d'entreprise.
Source: Publié le 14 mars 2022 par Les Echos